Star Devil : estival de Stars Des Champs

30 08 16 | Stars Des Champs, L'émission !

ENFIN EN PODCAST!  Star Devil, excuse estivale à Stars Des Champs, L’émission !, proposé et sonorisé par Alin Onim, animé par André, avec :

Tour Without Cucusse (Montpellier) en Drôme : après le Laboratoire Anarchiste à Valence, T’air libre à Montlaur en Diois, en direct & en public à Radio Rdwa

Lorsque le Blues et la Poésie se rencontrent à voix nue : Gaëlle Reynaud chante avec le silence des passions déchaînées. Sa voix se fait révolte ou plainte, espérance ou jouissance, au gré des vers ou des verres.
Ici, la chanson assume son rôle de transmetteur de poésie. Et la poésie naît de notre besoin d’être libres.
Répertoire (chanté, prosodié, a capella) :
Erich Mühsam, Robert Desnos, Jacques Prévert, Vera Hall, moi-même, Pouchkine, Marina Svetaïeva, Miklos Radnoti…
Matériel nécessaire :
une prise de courant. Et pour le reste… l’amour pourvoit.

à la guitare électrique : Tom

Another man done gone
Miklos radnoti – RACINE
Prévert – le tendre et dangereux visage de l’amour
Gaston Couté – L’Amour anarchiste
Henri Michaux – MON SANG – PAIX ÉGALE – DANS LA NUIT – POÉSIE POUR POUVOIR : AGIR, JE VIENS –
Colette Magny – L’heure grave
Gérard de Nerval – Artémis
Henri Michaux – Année maudite
Brecht, trad. Guillevic, 1917 – CHANSON DE GASPARD A UN SEUL REPONS
Prévert – L’effort humain

Quelques textes pour suivre et poursuivre… bonne lecture!

Another man done gone
Another man done gone another man done gone another man done gone
Another man done gone
He had a long chain on (he had a long chain on
He had a long chain on he had a long chain on)
They hung him in a tree they hung him in a tree
They let his children see they let his children see
when he was hangin’ dead
The captain turn his head the captain turn his head
He’s from the county farm (he’s from the county farm
He’s from the county farm he’s from the county farm)
I didn’t know his name (I didn’t know his name
I didn’t know his name I didn’t know his name)
Another man done gone another man done gone another man done gone
Another man done gone (another man done gone
Another man done gone another man done gone)
Another man done gone another man done gone another man done gone

Miklos Radnoti – RACINE
La racine, terre et pluie
lui donnent force et ses rêves
ont la blancheur de la neige.

Elle rampe et ruse pour
sortir de terre et les cordes
de ses mille bras se tordent.

Le ver dans ses bras repose,
à ses pieds trône le ver,
le ver ronge l’univers.

Mais rien ne compte pour elle
de l’univers que la branche,
le feuillage qui se penche.

La racine qui l’admire
pour lui distille son miel,
son suc au parfum de ciel.

Moi-même je suis racine ;
dans la vermine, la même,
s’élabore ce poème.

J’étais fleur, racine suis,
dans la terre, dans la nuit ;
ici s’achève ma vie,
tout là-haut pleure une scie.

Artémis de Gérard de Nerval
La Treizième revient… C’est encor la première ;
Et c’est toujours la Seule, – ou c’est le seul moment :
Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?
Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? …
Aimez qui vous aima du berceau dans la bierre ;
Celle que j’aimai seul m’aime encor tendrement :
C’est la Mort – ou la Morte… Ô délice ! ô tourment !
La rose qu’elle tient, c’est la Rose trémière.
Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?
Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :
– La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !

Le Léopard
Robert DESNOS
Recueil : « Chantefables »
Si tu vas dans les bois,
Prends garde au léopard.
Il miaule à mi-voix
Et vient de nulle part.
Au soir, quand il ronronne,
Un gai rossignol chante
Et la forêt béante
Les écoute et s’étonne,
S’étonne qu’en ses bois
Vienne le léopard
Qui ronronne à mi-voix
Et vient de nulle part.

Cet amour, par Jacques Prévert.
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Lá où tu es
Lá où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui nous sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
Extrait de Jacques Prévert, Paroles, Paris, Gallimard, 1946.

An dem kleinen Himmel meiner Liebe

An dem kleinen Himmel meiner Liebe
will – mich dünkt – ein neuer Stern erscheinen.
Werden nun die andern Sterne weinen
an dem kleinen Himmel meiner Liebe?

Freut euch, meine Sterne, leuchtet heller!
Strahlend steht am Himmel, unverrücklich
eures jeden Glanz und macht mich glücklich.
Freut euch, meine Sterne, leuchtet heller!

Kommt ein neuer Stern in eure Mitte,
sollt ihr ihn das rechte Leuchten lehren.
Junge Glut wird euer Licht vermehren,
kommt ein neuer Stern in eure Mitte.

An dem kleinen Himmel meiner Liebe
ist ein Funkeln, Glitzern, Leuchten, Sprühen.
Denn ein neuer Stern beginnt zu glühen
an dem kleinen Himmel meiner Liebe.

Dans le petit ciel de mon amour

Dans le petit ciel de mon amour
veut – je crois – un jeune astre briller.
Les autres étoiles vont-elles pleurer
dans le petit ciel de mon amour ?

Jouissez, mes étoiles, resplendissez !
Restez brillantes au ciel, fidèles
en chaque étincelle et donnez-moi des ailes.
Jouissez, mes étoiles, resplendissez !

Qu’un nouvel astre vienne parmi vous,
vous devrez guider son scintillement.
Une jeune flamme ravivera votre brillant
Qu’un nouvel astre vienne parmi vous.

Dans le petit ciel de mon amour
ça pétille, resplendit, illumine, éclate.
Alors une nouvelle étoile s’embrase
Dans le petit ciel de mon amour.

Erich Mühsam, traduction Gaëlle Reynaud, février 2016

Meine Liebe
in den becher der lippen zuerst fliessen musste der wein,
kinn und brust vor nässe triefen bevor man den mund auftat,
flimmernd musste die hitze geworden sein, das haus ein ofen
mit geschlossenen augen, die hand auf der haut dieser frau,
zigaretten, spaziergang im viertel, den abend auf einer terrasse;
so verging meine liebe, die hohe, die lohe.

mon amour,
d’abord il fallut que le vin coule dans la timballe des lèvres,
menton et poitrine trempés avant d’ouvrir la bouche,
il fallut que l’ardeur devienne scintillante, la maison un four
les yeux fermés, la main sur la peau de cette femme,
cigarettes, promenade dans le quartier, le soir sur une terrasse ;
ainsi passa mon amour, le splendide, le vide.

ENIVREZ-VOUS de Baudelaire

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.