024 Die’stoires et Contes : Cycle Boris Pahor à Luc en Diois (1)

15 04 15 | Die'stoires et Contes

Le 8 mai 2015, 70 ans après l’armistice, l’homme libre Boris Pahor sera parmi nous à Luc-en-Diois, à quelques kilomètres du Vercors où des hommes et des femmes ont combattu pour la liberté à l’instar de  Boris, Pahor ont combattu sur les hauteurs de Trieste.

Boris Pahor n’est pas un inconnu dans le Diois puisqu’il était l’invité d’honneur à l’édition 2013 du festival Est Ouest consacrée à Trieste.  Cet écrivain renommé sera à l’honneur prochainement à Luc en Diois. En effet,  le 8 mai 2015 à 18h la municipalité de Luc et le syndicat d’initiative organisent conjointement la projection du documentaire (1h38 mn) de Fabienne Issartel relative à l’écrivain slovène Boris Pahor dont le très beau texte « Pélerin parmi les ombres », contribua à faire connaître le camp du Struthof devenu depuis « Memorial européen de la Résistance et de la Déportation« .

Dans ce cadre et en présence de la réalisatrice et de Monsieur Pahor, d’autres événements auront lieu :
Le 8 mai
1Oh: bibliothèque de Luc en Diois, lecture-rencontre à plusieurs voix en présence de Boris Pahor de textes choisis dans ses oeuvres.
18h: projection du film précédée de « mots » dits par Alin Curtet et ses amis, textes de Boris Pahor, introduction sur la résistance dans le Vercors par Monsieur Gérard Estève, directeur du Mémorial de Vassieux. Après le film, échange avec Boris Pahor et la réalisatrice.
le 9 mai:
10h: dédicace à la librairie Mosaïque

Pour accompagner cet événement, Anne Marie vous propose un cycle de 4 émissions ou elle alterne lectures d’extraits des écrits de Boris Pahor avec des commentaires de son cru.

Pour écouter les autres émissions de ce cycle, cliquez sur les liens suivants  (A suivre) :

Die’stoires et Contes :  Cycle Boris Pahor à Luc en Diois (2)
Die’stoires et Contes :  Cycle Boris Pahor à Luc en Diois (3)
Die’stoires et Contes :  Cycle Boris Pahor à Luc en Diois (4)
L’interview d’Anne Marie : Boris Pahor à Luc en Diois

Date : 31.03.15
Lieu : Studio RDWA
Durée : 24’27 »
Réalisation : Louis XXI

Ce 9 mai, jour anniversaire de la capitulation de Reich, Rudi Leban, alias Boris Pahor, nous accueille dans un petit hôtel parisien. Il aura 100 ans le 28 août – c’est donc l’un des derniers sujets de l’empire Habsbourg . C’est surtout un très grand écrivain, l’un des deux Triestins éligibles au Nobel avec Claudio Magris. Mais contrairement à l’auteur italien du merveilleux « Danube », il écrit en slovène. C’est à Pierre-Guillaume de Roux, grande carcasse qui embrasse ce petit monsieur frêle comme un aïeul vénéré, que l’on doit la publication en français, il y a vingt-trois ans, de « Pèlerin parmi les ombres », récit magistral de la déportation de Pahor dans le camp de concentration du Struthof et, sans doute, son livre majeur. C’est au même éditeur, qui a depuis créé sa maison que l’on doit celle de « Quant Ulysse revient à Trieste », publié en 1955 dans la ville slovène de Koper (Capodistria).  

Italien, Boris Pahor, aurait pu écrire dans cette langue apprise au berceau, avec l’allemand et le slovène. Sa renommée aurait sans doute été plus grande. Mais une scène primitive d’une rare violence, l’en empêche. En 1920 – il a 7 ans -, il assiste à l’incendie par les fascistes de la Maison du peuple slovène de Trieste, l’équivalent de nos maisons de la culture.

 L’ancien port de la marine austro-hongroise est alors le champ d’expérimentation de l’italianisation forcée : interdiction de l’usage du slovène, transformation des noms (la famille Pahor y échappe), interdiction d’exercer certains métiers (le père de Boris, photographe est chassé de la police austro-hongroise). Le jeune homme en fait le serment : le slovène, langue humiliée, sera la langue de la dignité retrouvée.

Après la guerre en Libye dans l’armée italienne, la résistance, la déportation et le sanatorium français où le soigne la belle infirmière Arlette, Boris Pahor écrit. Ses romans , interdits pour « anticommunisme » dans la Yougoslavie de Tito, snobés par une Italie indifférente et plus prompte à célébrer les victimes des communistes titistes que celles de fascistes, sont lus en France, en Allemagne et aux États-Unis.

Contre vents mauvais et marées chahutées, Boris Pahor vit depuis toujours à Trieste, vestige du monde d’hier. Témoin capital du siècle , il n’a qu’une supplique à l’égard de la jeunesse européenne :       « Étudiez l’histoire tragique de votre continent »

article  écrit par Emmanuel Hecht, dans l’Express, suite à la parution de « Quand Ulysse revient à Trieste ».